Dans la région de l’Est, la FAO, le PAM et l’UNICEF mettent en œuvre le projet d'appui multisectoriel intégré (AMI) pour le bonheur de la population
03 novembre 2023
Adjara est une femme épanouie. Elle et ses amies ont cultivé toute l'année, et à chaque fois,
la récolte a été bonne.
« Nous avons récolté des tomates et des oignons, et nous avons vendu 15 sacs de 50 kg. Nous sommes 15 femmes à travailler ici depuis un an. Avant, il n’y avait pas d’activité après la saison pluvieuse. Mais maintenant avec le jardin et les connaissances qu’on a eues, nous travaillons et nous vendons », se réjouit-elle.
Adjara est membre d’une coopérative Yemboaro - qui signifie « volonté de Dieu » en Gourmantché, la langue la plus parlée dans la zone - à Diapangou, une commune située à 30 kilomètres de Fada N’Gourma, chef-lieu dans la région de l’Est au Burkina Faso. Les femmes qui cultivent ensemble un champ communautaire depuis un an, sont formées en fabrication et utilisation d’engrais naturels et de bio-insecticides, pour tirer le meilleur profit de leurs semences.
« Nous n’utilisons pas d’engrais mais de la fumure organique, et contre les insectes, nous utilisons des feuilles pour fabriquer des pesticides naturels, ce qui ne nuit pas à nos récoltes. C’est ce qu’on nous a appris à faire », dit-elle.
Le projet aide les femmes à subvenir à certains de leurs besoins quotidiens, ce qui parvient même à apaiser les tensions au sein des ménages. « Avec cette initiative, nous sommes autonomes et nous ne fatiguons plus nos maris, donc il n’y a plus de dispute. Nous gagnons un peu d’argent pour soutenir nos enfants », souligne Adajara.
Avec l’appui de la FAO, un terrain d’un hectare a été aménagé et clôturé de grillage, et un forage et plusieurs bassins installés, permettant aux femmes d'irriguer et de cultiver toute l'année. « Avant, on disait que les oignons ne poussent pas en saison des pluies. Là, c'est la saison des pluies et nous récoltons. Ici, les femmes parviennent à récolter chaque trimestre », clarifie Kassoum Sawadogo de la FAO.
L’appui à la Coopérative Yemboare entre dans le cadre du projet d'appui multisectoriel intégré (AMI), mis en œuvre par l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) dans la région de l’Est au Burkina Faso. Le projet de développement intégré qui couvre les communes de Fada, Diapangou, Tibga et Diabo contribue à l’amélioration des revenus des femmes et renforce la nutrition des enfants.
« Il y'a un adage qui dit que quand tu donnes à manger à un enfant, parfois tu te lèches les doigts. Les femmes ne peuvent pas vendre tout ce qu'elles produisent dans leur champ. Alors, la nutrition s'améliore au niveau des ménages », dit M. Soumaila Sawadogo de la direction régionale de l'Agriculture de l’Est.
La malnutrition est, en effet, un fléau qui sévit à Diapangou comme dans d’autres zones du Burkina Faso à cause de la crise sécuritaire. Plus de 2 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, dont 58 pour cent sont des enfants. Des centaines de familles se déplacent souvent des villages comme Palga, Nayouri ou Yamba, pour trouver refuge à
Diapangou. Parmi elles, des femmes enceintes et allaitantes (FEFA) et des enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition.
Au Centre médical de Diapangou, le ministère de la Santé, le PAM et l'UNICEF luttent contre la malnutrition, notamment parmi les enfants déplacés. « Nous octroyons aux institutions sanitaires des balances, toises, et autres équipements anthropométriques. Nous positionnons aussi des cartons d’aliments thérapeutiques ou supplémentaires prêts à l'emploi pour lutter contre la malnutrition aiguë sévère ou modérée », explique Sylvie Zongo, chargée de nutrition à l’UNICEF.
De janvier à octobre 2023, 41 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, 95 enfants souffrant de la forme modérée et 115 femmes enceintes et allaitantes malnutries ont été traités au Centre médical de Diapangou. Malgré la disponibilité des intrants et des équipements, il n’est pas aisé de combattre la malnutrition chez des familles forcées de se déplacer assez souvent.
« Certaines femmes déplacées par la violence s’installent a Diapangou et amènent leurs enfants souffrant de malnutrition au centre médical pour un suivi. Mais dès que leur village commence à connaitre une accalmie, elles retournent avec leurs enfants, pour ne plus revenir », déplore l’infirmière Kéré Naomi Dembele.
Pour renforcer l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement du centre médical, l’UNICEF a installé un poste d’eau autonome de 5.000 litres qui fonctionne à l’énergie solaire. Deux incinérateurs ont aussi été ajoutés pour la gestion des déchets biomédicaux.
Un peu plus loin, dans la commune de Tibga, le PAM contribue dans la mise en œuvre du projet AMI avec des activités de résilience. L’objectif est de renforcer la capacité de résilience des communautés vulnérables face aux différents chocs climatiques et réduire la malnutrition. Plus de 20.000 bénéficiaires, répartis dans 48 villages dans quatre communes de la province du Gourma, dont Tibga sont concernés par les activités de résilience.
« Vous voyez ces quatre chèvres et l'âne attaché là-bas, je les ai payés avec l'argent que j'ai reçu en participant aux travaux de création d’actifs productifs. En plus, j'ai aussi appris à conserver l'herbe pour les nourrir pendant la saison sèche. Dans peu de temps, je vais en avoir d'autres quand ces chèvres mettront bas. Si j'en vends, j'aurai de l'argent pour commencer une autre activité économique », a expliqué Kanla Gané une bénéficiaire, fière d’avoir pu contribuer aux dépenses familiales dans son foyer.
L’intervention du PAM renforce également la cohésion sociale et le vivre ensemble entre les communautés hôtes, et surtout entre les hôtes et les personnes déplacées internes.
« A travers un diagnostic participatif et inclusif pour la création d'actifs productifs, soutenu par un transfert monétaire pour l'assistance alimentaire, nous avons pu renforcer les capacités techniques et les moyens de subsistance des bénéficiaires, et améliorer la productivité et la situation alimentaire et nutritionnelle », souligne Patrice Birba, chargé du programme Résilience au bureau du PAM à Fada.
De janvier à septembre 2023,167 hectares de terres dégradées ont été récupérés dans la commune de Tibga, avec l’appui du PAM et des Services Techniques Déconcentrés (STD) à travers la réalisation d’ouvrages tels des cordons pierreux, de zaï et de demi-lunes. L’espace servira à produire plus de 170 tonnes de céréales pour la consommation humaine, et 31 tonnes de fourrages pour couvrir les besoins alimentaires du bétail durant la saison sèche.
Les Nations unies travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement du Burkina Faso afin de venir en aide aux populations vulnérables.