Reconstruire l'avenir : Éducation et résilience au Burkina Faso
« Je rêve de retourner dans mon village pour créer un plus grand jardin potager et aider d'autres femmes. »
L’éducation : une porte ouverte sur l’avenir
Joseph Lompo, la soixantaine, vit à Fada N'Gourma, dans l'est du Burkina Faso. L'attaque de son village en 2019 a bouleversé sa vie. Il a perdu sa femme après avoir fui, et sa fille aînée a été contrainte d'abandonner l'école pour s'occuper de la famille.
Elle a rejoint un programme gouvernemental d'éducation via la radio, mis en œuvre par l'organisation caritative Children Believe. Ce programme lui a offert une seconde chance.
« J'espère qu'elle obtiendra des diplômes et un bon emploi pour s'occuper de moi quand je serai plus âgé. »
Joseph Lombo, à Fada N'Gourma. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Des enfants assistent à un programme d'éducation par la radio à l'école Tyberiade, à Fada N'Gourma. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Des enfants assistent à un programme d'éducation par la radio à l'école Tyberiade, à Fada N'Gourma. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Des enfants assistent à un programme d'éducation par la radio à l'école Tyberiade, à Fada N'Gourma. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Le Fonds régional humanitaire soutient les clubs d’écoute, où les enfants suivent un programme d’éducation la radio en groupe, avec l’aide d’un enseignant. Photo : UNOCHA/Alassane Sarr
Comme Joseph, plus de 2 millions de personnes au Burkina Faso, soit environ 10 % de la population, ont dû fuir leur domicile en raison de la crise sécuritaire qui touche le pays depuis 2019. Les violences ont également contraint des milliers d'écoles à fermer. Selon le gouvernement, plus d'un million de personnes sont rentrées chez elles au cours de l'année écoulée et plus de 2 000 écoles ont pu réouvrir leurs portes, mais les besoins restent immenses et urgents. Le Fonds humanitaire régional pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, géré par OCHA, a investi dans des projets éducatifs visant à répondre aux besoins des enfants déplacés.
Nassiratou Maiga, une jeune fille de 15 ans déplacée à Kaya, et sa camarade de classe Sawadogo Nouriata. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
C’est à cause de l'insécurité que Nassiratou Maiga a dû arrêter l’école. La jeune fille, maintenant âgée de 16 ans, a fui Arbinda dans le nord du Burkina Faso il y a quatre ans, pour trouver refuge à Kaya dans le Centre-Nord du pays. Elle a maintenant rejoint un club d'écoute soutenu par le Fonds régional et géré par l'organisation non gouvernementale (ONG) FDC, où elle continue d'apprendre à lire et à compter.
Nassiratou n’envisage pas de retourner à l'école. Elle rêve de devenir styliste et d'ouvrir son propre magasin de mode.
« Dans quelques années, je serai la styliste qui habillera toutes les grandes dames de Kaya. »
Nassiratou Maiga en classe à Kaya, dans la région du Centre-Nord du Burkina Faso. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Kourita Yaméogo, à Kaya. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Les femmes reprennent le contrôle
Kourita Yameogo est une mère célibataire de 27 ans. Vivant avec un handicap, elle s’occupe seule de ses deux enfants. En effet, son mari et sa seconde épouse l'ont abandonnée au moment de fuir leur village. Elle a sombré dans la dépression à son arrivée à Kaya, mais elle a repris confiance en elle grâce aux causeries organisées par l'Association Bon Samaritain pour l'Epanouissement de la Jeunesse du Centre-Nord, dans le cadre d'un projet soutenu par le Fonds Régional.
Kourita se consacre désormais au tricot et rêve d'une machine pour augmenter sa production.
« Je veux donner à mes enfants un avenir brillant et heureux. » Kourita
Flora (à gauche), Zoubena et Pagandama (à droite), trois jeunes filles qui rêvent de devenir stylistes, à Fada N'Gourma. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Flora, Pagandama et Zoubena, trois adolescentes déplacées vivant à Fada, rêvent également d'indépendance grâce à la couture et au tricot. En générant un petit revenu, elles allègent le fardeau de leurs familles tout en poursuivant leur ambition d'ouvrir un atelier et de former d'autres filles déplacées.
« Nous voulons réussir tout en aidant d'autres filles à s'en sortir », explique Zoubena avec détermination.
Femmes dans l'agriculture
Outre l'insécurité, le Burkina est également confronté à des chocs climatiques de plus en plus graves et fréquents, telles que les sécheresses et les inondations. La crise climatique augmente la vulnérabilité des populations et leur capacité à produire de la nourriture. Les partenaires humanitaires aident les personnes déplacées et les communautés d'accueil à adapter leurs pratiques agricoles.
Rasmata, mère de huit enfants vivant sur le site de Tiwega, près de Kaya, s’est formée à la culture hors-sol, mieux adaptée au changement climatique qui rend les pluies imprévisibles dans la région. Grâce à un projet mis en œuvre par l’ONG Oxfam et soutenu par le Fonds régional, elle a créé un petit potager, qui lui procure une source de revenus et contribue à améliorer le régime alimentaire de sa famille, en y intégrant des légumes frais, riches en nutriments.
« Je rêve de retourner dans mon village pour créer un plus grand jardin potager et aider d'autres femmes. »
Rasmata a appris à cultiver et à consommer de nouveaux légumes, comme la salade, grâce au projet de potager. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Kaya, région Centre-Nord. Zalissa, 64 ans. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Kaya, région du Centre-Nord : UNOCHA/ Alassane Sarr
Kaya, région Centre-Nord. Awa, 27 ans. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Left, Zalissa. Right, Awa and her flock of sheep. Photo: UNOCHA/ Alassane Sarr
Awa, 27 ans, et Zalissa, 64 ans, participent à un projet d'élevage soutenu par le Fonds régional et mis en œuvre par Oxfam. Les femmes ont reçu quelques moutons et une formation à l'élevage. Awa, déplacée de Siangougrin, a reçu un bélier et deux brebis, toutes deux enceintes. Elle espère que son troupeau grandissant constituera une source de revenus durable.
Zalissa, déplacée de Sogdin, y voit un nouveau départ : « Aujourd'hui, grâce à ce projet, j'ai un nouvel espoir de reconstruire ce que j'ai perdu. »
Esprit communautaire et solidarité : accueillir les personnes déplacées
À Buudnooma, Adama Sawadogo, 65 ans, a mis à disposition 25 hectares de son terrain pour accueillir plus de 2 300 personnes déplacées depuis juin 2023. Les partenaires humanitaires ont utilisé cet espace pour installer des tentes, des latrines, des lampadaires et des kits d'hygiène. Adama ne s'est pas contenté de fournir un espace pour se loger ; il a également fourni des parcelles de terre aux personnes déplacées pour qu’elles puissent cultiver et retrouver un certain degré d'autonomie.
"Aujourd'hui, ce sont eux qui sont dans le besoin ; demain, ce sera peut-être nous. »
Kaya, région Centre-Nord. Adama Sawadogo. Photo : UNOCHA/ Alassane Sarr
Espoir dans l'avenir
Au Burkina Faso, environ une personne sur quatre a besoin d’aide humanitaire. L'année dernière, les bailleurs de fond ont généreusement soutenu le plan de réponse humanitaire, mais seulement la moitié du financement nécessaire a pu être mobilisée. Les partenaires humanitaires travaillent avec le gouvernement pour fournir une assistance vitale aux zones difficiles d'accès, tout en investissant dans le renforcement de la résilience et l'adaptation au climat afin d'apporter des solutions durables et de l’espoir aux personnes les plus vulnérables.
Ces histoires montrent que même dans l'adversité, la résilience humaine reste inébranlable. En soutenant l'éducation et en cultivant la solidarité, ces initiatives ont permis à des personnes comme Joseph, Kourita, Nassiratou et bien d'autres de retrouver l’espoir. Avec chaque jardin potager, chaque machine à coudre, c’est la dignité retrouvée qui permet de dessiner un avenir meilleur.
Le Fonds humanitaire régional commun pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, créé en juin 2021 et géré par OCHA, finance la réponse aux besoins humanitaires et aux situations d'urgence dans la région. En 2024, le Fonds a soutenu des projets au Burkina Faso, au Mali et au Niger, les principaux bailleurs de fond étant l'Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège, le Canada et la Belgique. Soutenez le Fonds régional et faites la différence en contribuant ici.
Footnotes : Histoire : Bénédicte Bama Toe et Alassane Sarr. Photos : Alassane Sarr. Édité par Nina Doyle. Photo de couverture : Club d’écoute à Fada N’Gourma.